Les professionnel.les du monde de la Culture, qui occupent le théâtre Graslin à Nantes depuis le 10 mars, ont été rejoints par des Nantais.es solidaires des revendications portées par CULTURE EN LUTTE. Nous les avons rencontré.es les 17 et 18 mars afin de mesurer la température sur place après huit jours d’occupation.
On rit, on pleure, on chante, on danse. On revit !
Les discours s'enchaînent au micro posté devant l’édifice. La parole est ouverte à toutes celles et ceux souhaitant déclamer haut et fort, un mot, une pensée, un poème, un instant de vie… Dans un respect relatif mais manifeste des distanciations, les marches menant à au théâtre sont joyeusement occupées par des citoyen.nes avides d’en apprendre davantage sur les menaces pesant sur le secteur culturel. Mais aussi par de nombreuses personnes heureuses de se fédérer, de se revoir tout simplement.
13H00 sonne le temps d’une Agora où s’expriment les désillusions, les craintes, l’isolement, la peur du futur, les encouragements, l’espoir aussi. De la place publique aux marches, on rit, on pleure, on chante, on danse. On revit !
Le hall d’entrée s'est transformé en espace infos, cantine, point presse… Ici s'organisent aussi les différentes animations qui rythment les journées de ces résistant.es et des habitant.es de la ville, qui assistent depuis plus d’une semaine à différentes manifestations artistiques et engagées. Comme en cette fin d’après-midi où se faisait sentir la dernière heure du jour, avant le glas du couvre-feu.
Sans annonces ni discours - Instant de grâce.
Sept danseurs contemporains apparaissent, comme débarqués de nulle part, pour prendre possession de la place, dans une chorégraphie improvisée. Entre élégance et poésie du geste démené, le danseur seul, éloigné de ses partenaires, court effréné droit devant, avant de repartir en arrière. Pour enfin, dans un mouvement commun à celui de tous les autres, se repositionner instinctivement au centre de la place, entremêlant son corps à celui de tous les artistes, ne faisant qu’une et même machine chimérique pour avancer d’un même pas. Regards fixes vers le théâtre, ils repartent comme ils sont venus. Dignes et silencieux. Sous des applaudissements que certains d’entre eux n’avaient pas entendus depuis longtemps.
Comme tous les soirs depuis huit jours, la salle de spectacle est un dortoir. Contexte sanitaire oblige, nous ne passerons pas la porte menant à cet espace gardé comme un vase clos. Nous constatons qu’un système d’inscription est instauré pour pouvoir passer la nuit sur place et que le planning est plein lors de notre passage.
Durant ces deux jours, nous avons tendu notre micro aux occupant.es d’un jour ou du premier jour. Aux professionnel.les du spectacle mais pas seulement, puisque comme l'expliquent les intervenant.es, ce mouvement va bien au-delà d’une lutte interprofessionnelle. Nous nous sommes intéressées aux échanges durant l’Agora, à l’investissement des militant.es et des plus jeunes. Les interrogeant sur l’impact de la pandémie. Sur la place qu’occupent la Culture et les lieux de culture, dans l’espace public comme dans leur vie personnelle.
Immersion au théâtre Graslin pour mieux comprendre les enjeux de la lutte !
Pour avoir partagé leur regard sur la situation et nous avoir accordé leur temps. Merci à Fabienne, Vincent, Morgane, Erwan, Yann, Jade, Maé, Oussama et Seiline. A Marion, Louis et tous les danseurs. Ainsi qu’à tous les autres intervenant.es.
Un reportage réalisé par Amandine et Fanny.
Crédit Photo : Fanny Ohier
Infos
La parole est ouverte à toutes et à tous dans le cadre de l’ Agora organisée tous les jours de 13H00 à 14H30, sur la place Graslin.
Comment rester informé.e.s :
Facebook : Culture en lutte autour de Nantes
Instagram : @occupationgraslin2021
Facebook : CGT Spectacle
Pour toutes autres demandes, envoyer un message à : cultureenluttepdl@gmail.com
Soutenir le mouvement ?
Une cagnotte solidaire a été mise en place pour continuer la lutte ( nourriture, matériel, impressions tracts… ) : https://cutt.ly/MzR9Jcx