Combattre les préjugés, permettre l’insertion professionnelle de personnes réfugiées, le tout en se régalant, c’est l’objectif du Refugee Food Festival. Alice Thierry de Ville d’Avray, une des co-porteuses du projet à Nantes, est venue à Prun’ pour échanger avec nous.
Lancé avec 11 premiers restaurants parisiens, il y a 5 ans donc, le concept s’est étendu sur des kilomètres d’année en année, quittant même la France pour s’imposer à l’international. C’est l’année dernière que le Refugee Food Festival a pu être organisé à Nantes.
Ce n’est que la deuxième fois que la ville des Pays de la Loire participe. Pour l’édition 2020, quatre restaurants s’étaient déjà engagés (Gwaien, Lamaccotte, Oh K-Fée D’Mj et L’Ourse). Cette année, pour l’édition de 2021, des ateliers feront également leur apparition pour offrir une autre dimension.
La force du festival vient donc également de la diversité des restaurants qui participent. En effet, tout établissement de restauration est le bienvenu dans le projet. Ainsi, à Nantes, il est possible de retrouver des cantines de quartier, comme La Cantine Fermière, des cafés, avec le Café Bécot, ou tout autre type de restauration classique ou non, l’exemple de La Mandale.
“On voulait vraiment le faire, c’est très important pour nous”
Si le Refugee Food Festival a su convaincre, s’étendre et réunir de plus en plus de participant⸱e⸱s chaque année, il n’a pas échappé à la crise sanitaire. Déjà l’année dernière, malgré la première participation nantaise, les accueillant•e•s avaient largement baissé, passant de 128 restaurants en 2019 à “seulement” 35 établissements en 2020. Un constat logique puisque l’événement n’a pas pu se dérouler hors de la France, perdant la force de grandes villes internationales comme Bruxelles, Madrid, Genève, Bologne, Copenhague, Le Cap, ou encore Londres. Il en est évidemment de même pour cette nouvelle édition.
Cependant, pour trouver des cuisinier⸱e⸱s étranger⸱e⸱s qui veulent participer, ce n’est pas évident. Pour cela, les organisat⸱eur⸱rice⸱s passent par de nombreuses associations pour se rapprocher de personnes ayant une appétence pour la cuisine. Finalement, pour celles et ceux qui participent, le festival est une véritable aubaine. Dans l’image, premièrement, ce moment de partage, et les nouveaux menus imaginés puis proposés dans les restaurants permettent d’ouvrir les esprits et de lutter contre les préjugés. Plus personnellement, dans un second temps, le festival permet à ces réfugié⸱e⸱s d'accélérer leur insertion professionnelle. Même s’ils ne trouvent (ou ne cherchent) pas obligatoirement un travail dans le milieu de la restauration, notamment à cause de l'instabilité de ces emplois en cette période de crise sanitaire, ce festival leur permet surtout de reprendre confiance en eux, pour se lancer dans toute sorte de projets.
Cet accompagnement fait vraiment partie du festival. Un aspect qui n’est pas forcément visible pour le grand public, mais qui est pourtant essentiel. Mettre en relation, aider à trouver des formations, échanger sur certaines envies professionnelles… Pour les porteur⸱se⸱s du projet, le Refugee Food Festival, c'est toute l’année. Et à Nantes, le souhait est vraiment d’être encore plus présent.
Au final, Refugee Food Festival est un événement novateur qui sait faire bouger les choses avec un point qui nous réunit toutes et tous : la nourriture. Porteur d’un véritable message engagé, tout le monde peut devenir cette personne qui organise ces quelques jours gastronomique dans sa ville afin de mobiliser un maximum de personnes autour d’une table, lieu universel de paix et de partage. Et si le festival est déjà présent chez vous, rien n’empêche quiconque de rejoindre l’équipe de bénévoles déjà en place, pour élargir les rangs.
© Cécile Debise - Pierre et Mosalam testent une recette de basboussa avec le festival.
Un contenu réalisé par Nathan CHATELAIN